LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR
ASESINATOS
Se les puede ver sobre las rutas de cautivos, las largas rutas del desastre
Esbeltos álamos, estatuas de los dioses más sombríos ceñidos con sus mantos de oro
Los prisioneros senegaleses alejados tenebrosamente en territorios de Francia.
En vano te cortaron la risa, en vano la flor más negra de tu carne.
Eres la flor de belleza primera entre la ausencia desnuda de las flores
Flor negra de sonrisa grave, diamante de un tiempo inmemorial.
Eres arcilla y savia de la verde primavera en este mundo
De la pareja primitiva eres la carne, el vientre fecundo, la simiente
Eres sagrado pulular de los jardines paradisíacos y claros
En esta selva irreductible, triunfante del fuego y la centella.
El canto vasto de tu sangre vence maquinarias y cañones
Y tu palabra palpitante las mentiras y sofismas
Ningún odio en tu alma sin odio, ninguna coartada para tu alma sin coartada
Oh mártires negros raza inmortal, permítanme decir esas palabras que perdonan.
Front Stalag 230.
Assassinats
Ils sont là étendus par les routes captives, le log des routes du désastre
Les sveltes peupliers, les statues des dieux sombres drapés dans leurs longs manteaux
[d’or
Les prisonniers sénégalais ténébreusement allongés sur la terre de France.
En vain ont-ils coupé ton rire, en vain la fleur plus noire de ta chair.
Tu est la fleur de la beauté première parmi l’absence nue des fleurs
Fleur noire est son sourire grave, diamant d’un temps immémorial.
Vous êtes le limon et le plasma du printemps viride du monde
Du couple primitif vous êtes la charnure, le ventre fécond, la laitance
Vous êtes la pullulance sacrée des clairs jardins paradisiaques
En la forêt incoercible, victorieuse du feu et de la foudre.
Le chant vaste de votre sang vaincra machines et canons
Votre parole palpitante les sophismes et mensonges
Aucune haine votre âme sans haine, aucune ruse votre âme sans ruse
Ô Martyrs noirs race immortelle, laissez-moi dire les paroles qui pardonnent.
Front Stalag 230.